Blasphè...rme ta gueule !

Non mais vous êtes sérieux, là ? On en est encore à se reposer la question du droit au blasphème ?
Vous n’en avez pas assez, de tout mélanger ?
Quand des dessinateurs se font descendre à coup de Kalash' par des fous furieux de dieu, alors tout le monde s’érige en défenseur de la liberté d'expression. Quand Frédéric Fromet ose chanter « Jésus est pédé », là, en revanche, le voilà insulté sur les réseaux sociaux, traîné dans la boue, menacé de mort. 

Mila, une gamine ose dire qu’elle met un doigt dans le cul de dieu et la voilà cloîtrée chez elle, menacée de viol et pire encore ? Mais merci les croyants ! Merci pour ce trop-plein d’amour et de bienveillance ! 
Vous noterez au passage que ce n’est même pas une religion en particulier, hein ! Le dénominateur commun, c’est dieu. Ah, et son cul, tiens !
Mais alors… Ça voudrait dire que dieu n’a pas le droit de connaître le plaisir anal ? Mais dites donc… Vous vous emballez, là, un peu, non ? Qui êtes-vous pour interdire à dieu de se faire plaisir ? C’est quand même lui le tout-puissant. C’est encore lui qui peut décider qui rentre ou non dans son cul, vous ne croyez pas ? (Comment ça, vous ne croyez pas ? Blasphème !)
Vous savez quoi ? A mon avis, ça lui en touche une sans faire bouger l’autre.
Il y a peu de temps, j’ai eu une longue discussion avec des élèves de lycée, qui m’ont interpellée sur ce fameux droit au blasphème. Ils avaient entendu la chanson de Frédéric Fromet et étaient estomaqués.
« Mais Madame ! Il va avoir des problèmes, lui ! Il va plus pouvoir sortir dans la rue, ça ne se fait pas, ce qu’il a dit. Il a pas le droit !
- Il n’a pas le droit ? Mais pourquoi ?
- Ben, c’est Dieu, quand même ! C’est chaud !
- Alors, que vous soyez choqués, d’accord Maintenant, je veux que vous m’expliquiez pourquoi il n’aurait pas le droit de chanter ce qu’il a chanté. Qu’est-ce qui, en France, le lui interdit ? »
Au final, on a débattu du droit au blasphème, de la liberté de la presse (« Mais ce n’est pas un journaliste, lui ? Alors qu’il bosse sur France inter ? » Ah non, alors, quand même, ne me provoquez pas, hein ! Si Fred Fromet est journaliste, alors moi, je suis bonne sœur !), de la liberté d’expression tout court. On a enchaîné sur la différence entre un éditorialiste, un polémiste et un journaliste. Je me suis rendue compte qu'ils mélangeaient un peu tout...
Et, chose incroyable : à la fin de la discussion, ils étaient tous d’accord pour dire que, finalement, rien ne lui interdisait de chanter que « Jésus est pédé ». Bon, la prof était outrée d’avoir entendu cette phrase dans sa classe une dizaine de fois en une heure (et moi, ça me faisait bien rigoler), mais on a eu l’impression, elle comme moi, d’avoir été utiles, ce matin-là.
« Mais Madame, il va aller en enfer direct en roue arrière, hein !
- Alors… Peut-être. Mais dans ce cas, ça se passera entre dieu et lui, tu ne crois pas ?
- Ouais, en vrai, tant pis pour lui, c'est son problème, il ne fera juste pas le malin. »
Voilà. Elle n’est pas belle, cette conclusion ? 

Toutes ces histoires, ce n’est pas tant des questions de blasphème. C’est surtout le droit à l’outrance. Et c’est aussi la nécessité de rire de tout. De dédramatiser. Parce que sinon, on ne s’en sort plus. Quand on n’arrive pas à rire de quelque chose, c’est que l’on commence à en avoir peur (moi, par exemple, je ne me moque jamais de mon chef. En tout cas, pas s’il m’entend…).

Et après tout, est-ce que ce n’est pas dommage que Jésus ne soit pas mort empalé ? Les églises et les pendentifs des chrétiens auraient une toute autre allure. Et je ne vous raconte même pas les reconstitutions du chemin de croix, chaque année, à Pâques ! Christine Boutin serait sûrement athée. Ou joyeuse. Peut-être même que les homos seraient les premiers au paradis, au lieu d’être chassés de certaines églises. 
Plus sérieusement, quand je vois aujourd’hui qu’on est encore menacé de mort (« Tu ne tueras point », le sixième commandement, on en parle ?.... « Ne tuez point l'Homme que Dieu a rendu sacré... », Sourate 17, verset 33, y’a des mots que vous ne comprenez pas ?...) pour des choses aussi insignifiantes, je me dis qu’on est quand même mal barrés. 

Finalement, en France, il vaut mieux violer des enfants que blasphémer : au lieu d’être menacé, on peut être publié ou césarisé.

Commentaires

  1. Avez-vous conscience des nombreuses problématiques que soulève votre texte ?

    Ne peut blasphèmer que celui qui croit en Dieu. D'autre part, le blasphème n'existe pas dans notre République car celle-ci ignore les religions depuis la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905. Le délit de blasphème ne peut donc exister. On ne peut pas non plus réclamer un droit au blasphème :

    https://religion-gaulmyn.blogs.la-croix.com/le-droit-au-blaspheme-nouveau-droit-francais/2015/01/20/

    Vous pouvez "blasphémer" si ça vous plaît, mais vous pouvez aussi décider de ne pas le faire par respect de ceux qui ne pensent pas comme vous.

    Imaginez-vous devant un groupe d'enfants en train de dire haut et fort qu'à leur Père Noël vous lui mettez un doigt dans son fondement. Je ne sais pas vous, mais moi je ne me permettrais pas de dire une telle grossièreté par amour pour eux, même si je sais que le Père Noël n'existe pas.

    Prenons un autre exemple : sainte Germaine de Pibrac. L'histoire raconte que cette jeune adolescente était atteinte d'adénopathie tuberculeuse et était détestée par sa belle-mère. Elle compensant, par sa foi en Dieu, les souffrances liées au manque d'amour qu'on lui infligeait en raison de sa maladie. Quand elle entendait les cloches de son village sonner, elle se précipitait dans l'Eglise pour rejoindre sa "vraie famille". Elle était heureuse ainsi, malgré son exclusion et sa grande pauvreté (elle partageait même ce qu'elle avait avec les pauvres). Auriez-vous eu le courage de dire devant elle que "jésus est pédé" ?

    Jésus a dit :

    «Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent.» Mt 19,14

    Il y a des chances que cette phrase ne soit pas comprise à sa juste valeur par celui qui n'a pas un niveau spirituel très élevé. Cependant, elle est magnifiquement juste.

    Je connais de nombreuses personnes qui trouvent, chaque jour, le courage de vivre grâce à leur foi en Dieu. Je pense en particulier à des personnes handicapées, à des personnes dans une grande précarité, à des personnes monstrueusement seules, à des malades et à des personnes en manque cruel d'amour. Pensez-vous au mal que peut faire sur eux une chanson aussi débile que celle de Frédéric Fromet ? Pourquoi a-t'il fait ça ? Pour faire rire et montrer qu'il est courageux ? Rien ne justifie de faire du mal à son prochain (même indirectement).

    Personnellement, en tant que croyant, sa chanson ne me touche guère, comme les propos grossiers de Mila. Les croyants qui pensent que Dieu pourrait être touché par de tels mots se trompent lourdement.

    On ne peut pas rire de tout quand on aime son prochain. Demandez à Patrick Timsit ce qu'il pense aujourd'hui de son affreuse blague sur Michel Petrucciani.

    Pourquoi faire systématiquement un lien entre l'homosexualité masculine et la sodomie ? La sexualité est-elle le but ultime dans une relation de couple ? Je ne peux imaginer une chose pareille. Faire l'amour est un acte noble quand on s'aime, peu importe la façon de procéder pourvu que le respect de l'autre soit présent au moment de l'acte. Et puis, plus tard, quand l'envie de faire l'amour n'est plus souvent présent, il reste le plus important : la tendresse, comme disait Bourvil dans sa belle chanson.

    A votre place, je n'aurais pas eu la même discussion que vous avec ces enfants. Vous auriez pu au moins reprendre celui qui a répondu «Ouais, en vrai, tant pis pour lui, c'est son problème, il ne fera juste pas le malin». Non, nous ne devons pas laisser les gens se vautrer dans la boue, mais, par amour pour eux, tenter de les éclairer sur leurs fautes et de leur pardonner. Cette réplique montre à quel point notre monde est devenu très égocentrique.

    Voici une autre réponse que j'ai écrite sur mon blog au sujet de l'affaire Mila :

    https://contemplatif.frama.site/blog/affaire%20mila

    Bien cordialement.

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  2. Le symbole utilisé par les premiers chrétiens, souvent persécutés, était le poisson. Cela vient du mot ichthus dont chaque lettre grecque est traduisible par «Jésus-Christ fils de Dieu, sauveur». Ce symbole est encore utilisé aujourd'hui. Je le préfère personnellement à la croix qui représente un instrument de torture, mais il faut reconnaître qu'elle est aussi symbolique. Les quatre côtés de la croix peut faire penser aux quatre points cardinaux, et donc à l'universalité du christianisme, et aux quatre Evangiles.

    Le supplice du pal était un châtiment très cruel que n'utilisait pas les Romains dans l'antiquité. De plus, je vois mal Ponce Pilate, malgré sa lâcheté à l'époque, laisser Jésus subir un tel supplice alors qu'il savait parfaitement qu'il n'avait rien fait de mal. Il avait quand même des limites (ainsi que les gens qui voulaient du mal à Jésus).

    Il ne faudrait pas enfin que la gossièreté deviennent monnaie courante dans notre société. L'homme s'en sortirait grandi. Comment, par exemple, peut-on apprécier la chanson de Vegedream intitulée «La Fuite» ? Son texte ne nous apporte rien. Ce n'est même pas de l'art à vrai dire. Saviez-vous que le rappeur, aussi auteur du titre «Ramenez la coupe à la maison», était du voyage présidentiel du 20 au 22 décembre en Côte d'Ivoire ? Il paraît que c'est bon pour les échanges culturels.

    Connaissez-vous l'histoire des trois tamis de Socrate ? La grossièreté peut parfois être utile, mais il faut l'utiliser avec intelligence, comme l'a fait Saez dans sa chanson «Peuple Manifestant».

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  3. Alors oui, mais non. Saez, là, je dit non, sinon, on va tous crevaiiiiiiiiiii !
    https://youtu.be/9bCp-7pX7Cs

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