Guérir d'un mal blanc
Il aura fallu que je devienne directrice pour me frotter pour la première fois de ma vie à un stéréotype qui ne m’avait jamais posé problème jusqu’alors : le mâle blanc de plus de 50 ans.
Toute ma vie, je les ai adorés. Tu me disais « mâle blanc de plus de 50 ans », si, en plus, il lisait un peu, ou pire, il écrivait... Tu me perdais ! J’ai toujours été attirée par des hommes (beaucoup) plus âgés que moi et, comme dit l’adage, j’ai toujours trouvé que prendre un coup de vieux, si c’était bien fait, c’était plutôt très agréable.
Mais là, changement d’ambiance. À peine promue aux côtés d’un codirecteur, j’ai bien senti qu’on était plus proche de voyage en terrain miné que de voyage en terre inconnue. Pauvre homme ! À peine arrivée, il s’est senti mis sous tutelle. Vingt-quatre heures après ma prise de poste, il était en arrêt maladie. Ceci dit, je le comprends : j’ai épuisé deux maris ! Mais vingt-quatre heures ?... On ne serait pas face à un homme un peu fragile, là ?... Ou alors, je suis un allergène plus puissant que l’ambroisie...
Quoi qu’il en soit, ça a été radical : AVC de l’égo et on ne l’a jamais revu.
Je me suis retrouvée seule, avec une
équipe qui me considérait avec autant de bienveillance que lorsque tu aperçois
le début d’un bouton de fièvre prendre place sur tes lèvres. Tu sais que ça va
piquer et que tu ne t’en débarrasseras plus jamais.
Et débrouille-toi pour
comprendre qui sont les clients, comment fonctionne le service et où se trouvent
les informations, quand tu es en permanence en train d’éviter les peaux de bananes
qui t’arrivent sous les pieds. La plus mauvaise partie de Mario Kart de ma vie !
Et dans le même temps, mon mâle blanc s’est mué en ex toxique.
Vous savez, ce type qui appelle les gens
pour se plaindre et pleurer sur son sort...
Ce type qui vous fait passer pour la grosse méchante (alors que j’ai perdu six
kilos, merde !)...
Ce type qui explique à la terre entière que tout est de votre faute et de la
faute de tous les autres, de toute façon, mais ne se remet jamais en question...
Ce type qui fait du chantage à vos relations communes : « C’est elle
ou moi. Choisis ! »...
Ce type qui vous envoie des messages passifs-agressifs et qui se met en colère
quand vous ne répondez pas. Puis qui s’excuse et envoie des messages mielleux.
Puis qui vous dénigre, puis s’excuse, puis recommence...
Ce type qui monte tout le monde contre vous en réinventant toute l’histoire...
Ce type qui vous stalke...
C’est lui !
Pas une semaine sans qu’il vienne visiter mon profil LinkedIn. Ceci dit, je le comprends... Il est tombé sous le charme, comme tant d’autres, voilà. Et il s’est retrouvé coincé dans un désir toxique. Il savait que j’étais mauvaise, perverse (oh oui !), que je le faisais souffrir, qu’il se torturait, mais c’était plus fort que lui : impossible de m’oublier, de ne pas aller voir ce que je faisais, ce que j’écrivais et à qui...
Heureusement, tout ça est derrière moi. Après six mois d’enfer, de remises en question, de face-à-face tendus avec une équipe hostile, de clients mécontents à rattraper, de nuits, de week-ends et de vacances écourtés, les choses prennent la place qui aurait dû être la leur depuis le début.
Comme souvent dans ces cas-là, c’est grâce à une autre qu’il a fini par tourner la page. Il a changé de boîte (contraint et forcé) et s’est jeté corps et âme dans sa nouvelle relation. Enfin, nouvelle... Disons les choses comme elles sont : il me trompait depuis le premier jour ! Alors que j’essayais de rafistoler tout un service et de rassurer toute une équipe aux abois pour lui permettre de revenir dans les meilleures conditions et repartir dans une relation saine... Lui faisait tout pour une autre, jusqu’à réaliser une sex tape (diffusée en prime time à la télé dans une émission bien connue) ! Une belle performance pour un homme en arrêt maladie et au bout du rouleau. Quel message d’espoir pour tous les égos brisés !
Ce qui m'amuse, ce sont les gens
qui nous ont connus ensemble. Qui m’envoient maintenant des captures d’écrans
de ses publications sur LinkedIn, du style : « T’avais vu ? Non,
mais juste comme ça, hein, t’aurais imaginé ? » (On les connaît tous,
ceux qui adorent nous remettre sous le nez ce que deviennent nos ex).
Alors
non, je n’avais pas vu. Et pour cause : je l’ai bloqué. Ceci dit, pas assez vite, semblerait-il : sa dernière publication est un
copié-collé des miennes depuis septembre (je le préviens que j’ai fait le choix
de ne respecter aucune des règles qui font que l’on est vu ?...).
Comme quoi... Il a beau salir notre relation et tenter de tourner la page dans le bras d’une autre, il ne se débarrassera jamais vraiment de moi : je suis son herpès !
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