Ma déclaration à Alex et Guillaume (ou le syndrome Luchini)
J’avoue… Depuis un peu plus d’un an maintenant…. Je vis une
histoire d’amour extraconjugale.
Bon, j’avais d’abord songé à vous parler de l’énorme faute de
grammaire que j’ai trouvée dans la poésie photocopiée par l’institutrice de mon
fils pour la fête des mères.
Et je me suis dit qu’à force… Je n’allais plus être invitée
que dans des dîners où l'on va me demander si j’aime parler de ma passion de l’orthographe...
Alors donc… Je voulais faire une déclaration d’amour à Alex
et Guillaume. Car oui, non seulement je suis amoureuse et infidèle, mais en
plus, c’est un plan à trois !
Depuis quelques mois, je me débrouille pour filer en douce tous
les jours et les rejoindre. C’est qu’ils sont mignons, drôles, impertinents…
Mais pas disponibles. Pas moyen de négocier un autre créneau : je suis
obligée de tout annuler entre 17h et 18h pour en profiter.
J’ai donc expliqué à mon mari que oui, c’est vrai, c’est
bizarre, le seul moment possible pour aller à mes rendez-vous, kiné, médecin,
interviews…. C’est toujours entre 17h et 18h. « Ah, je sais bien que ce n’est
pas pratique, mais bon… Que veux-tu ? Ce n’est quand même pas moi qui
choisis ! »
Et voilà que chaque jour, je me prépare méticuleusement
comme une maîtresse qui va rejoindre ses amants…. Ah… L’attente fébrile du
premier mot dans les hauts-parleurs de la voiture (oui, je sais… ça fait un peu
prostipute, la nana qui se fait plaisir dans sa bagnole, mais on fait ce qu’on
peut). Ah, mon dieu, Alex fait une chronique à 9h du matin le mardi ! Ca
tombe bien, tiens, je vais aller faire le marché, maintenant, moi, le mardi :
« Mon chéri, je rentrerai plus tard de l’école après avoir déposé le nain. »
Tous les prétextes sont bons pour m’offrir des orgasmes
zygomatiques… Et à répétition, en plus ! Parfois jusqu’à 4 ou 5 en
3minutes, imaginez ! Rhaaaaaaa !...... Ce type est incroyable !!!
Pour tout vous dire, j’ai un peu l’impression d’avoir à nouveau
14 ans. Avec une idylle de gamine à peine pubère, qui fantasme en secret sur
des chanteurs pour midinettes ou des acteurs qui se passeront de la postérité…
Vous pensez bien que lorsqu’ils sont venus dans le coin, il
y a quelques mois, je me suis fait un devoir d’aller les voir sur scène. En
célibataire. A la fin de deux heures de fous rires aux larmes, je suis bien
entendu allée prendre un verre à la buvette (faut pas déconner non plus, j’allais
pas rentrer sobre !).
Et là… Qui est arrivé derrière le bar pendant que je
finissais ma bière ? Alex et Guillaume… Deux pour le prix d’un ! Aaaah…
Pâmoison totale !....
Et alors…. Qu’est-ce que j’ai fait ? Eh ben… Surtout bien la
fermer (ce qui est une gageure, quand on me connaît !) et les regarder, de
loin, avec envie, parler avec les autres spectateurs… Bien sûr, je mourrais d’envie
d’aller leur parler moi aussi (Et pas seulement) ! Mais… Pour leur dire
quoi, en fait ?
« Oh, salut, j’adore ce que vous faites… » (ponctué
d’un gloussement idiot)
Ce à quoi ils auraient probablement répondu : « Merci,
c’est gentil », avec un sourire entendu.
Et ensuite ? Ben rien. Je serais restée là… Voilà voilà
voilà… Rien à dire… Rouge et gênée…. Avant
de repartir finir mon verre plus loin… Bref, un succès total.
Donc non, je ne vais pas parler aux personnes qui me font
fantasmer. Ou que j’admire. Ou les deux, encore moins. Enfin… Je n’y vais plus,
en fait.
Mon angoisse ? Me retrouver à nouveau frappée du
syndrome Luchini. L’un des plus grands moments de solitude de ma vie…
J’ai 16 ans. Une admiration sans borne pour Fabrice Luchini
(qui ne m’a pas quittée. L’admiration, pas Fabrice !). Il passe à Lyon. Je
tanne mon père des mois durant pour qu’on s’abonne au théâtre de la
Croix-Rousse pour être sûre de pouvoir le voir sur scène. A bout de nerfs, mon
père cède. On se tape des spectacles contemporains à se pendre à la fin de
chaque représentation. Mon père me déteste. La soirée luchinesque arrive. Je
suis dans un état second. Il est là, sur scène. Il lit. Fabuleux. Incroyable. Monstrueux.
Fin des lectures, on part dîner, et, en repassant devant le théâtre… Fabrice
Luchini qui descend les escaliers…. Mon père m’arrête. La copine qui est avec
moi me pousse du coude. Je m’avance vers lui. Et là……………… Rien… Rien de chez
rien, nada, quedal, le néant… Il m’a regardée, plein de bienveillance, et m’a
demandé : « Vous voulez que je signe votre programme ? »
Moi : « Euh…. Euh… Oui…. »
Il a donc pris le programme que j’avais dans les mains, me l’a
signé, tout en essayant d’entendre le son de ma voix :
« Vous avez aimé ?
- … Euh… Oui….
- Comment est-ce que vous êtes venus ?
- … Euh… On est abonné… »
« On est abonné » ???? Je lui ai répondu « On
est abonné » ? !!!!! Genre… Bah en fait, je m’en fous un peu de
toi, mais t’étais dans l’abonnement, alors je suis venue. J’aurais dit « J’ai
vu de la lumière, je suis entrée », c’était pas pire !
Bon… Le pauvre… Il a bien vu que j’étais à côté de la plaque,
il m’a rendu mon programme signé, a posé une main sur la mienne et m’a souhaité
une bonne soirée. Tout ça pour ça ! Et moi… Idiote et mutique … Mon
seul réflexe a été de penser « Je ne me laverai plus la main pendant au
moins une semaine ».
Et avec le recul, finalement…. Aller dire aux gens comme ça
qu’on les aime, c’est touchant… Mais quand t’as 16 ans !
Alors non, je ne le fais plus. Au lieu de passer pour une
gourdasse (ou pire) en direct live, j’ai décidé de l’écrire : Alex Vizorek,
Guillaume Meurice, je vous aime !
Mais je ne viendrai pas vous le dire de vive-voix.
D’abord parce que passer pour une cruche, c’est épuisant, et
que mes cheveux blonds ne sont pas à mon avantage….
Et ensuite, parce que vous me renvoyez à mon état bêtasse de
16 ans.
Sauf que depuis, j’ai grandi (Bon, ok, grandi, non, vieilli)…
Et si une adolescente impressionnée ça peut être mignon, une groupie de 36 ans,
ça l’est moins. Et on vous connaît, les artistes. A 16 ans, vous auriez peut-être
pensé « Oh, c’est mignon ». Mais là ? Je ne suis pas à l’abri
que vous vous disiez : « Ah, chouette, je vais avoir droit à une
petite pipe, ce soir… » Et je fais quoi après, moi ? Je ne me lave
pas les dents pendant une semaine ?...
Chiche?!
RépondreSupprimerAu plan à trois tu ne veux pas mêler l'inceste et l'homosexualité?
RépondreSupprimerJe les aime bien moi aussi !!!
Et on filme?
RépondreSupprimeroui, bon, il va falloir laver au jet comme quand Ardisson investit certains clubs parisiens avec ses potes.....
RépondreSupprimerL'état bêtasse, ce n'est pas une question d'âge : n'oublions pas qu'un vieux con est un jeune con qui a vieilli (Gustave Parking, XXeme siècle après JC). Le reste ? de l'enrobage. Moi j'aime bien l'état bêtasse (mon préféré : l'état brutasse mais c'est pas le sujet) : au moins ça montre qu'on a de la fraîcheur, de la naïveté même. Or dans cette société de blasés qui ont "tout vu, tout fait", ça donne un peu d'air.
Moi aussi je me suis senti bien con en rencontrant une de mes 2 'idoles' (si on peut dire car j'aime pas idéaliser les gens : un type normal, un peu rêveur, qui s'est retrouvé dans une époque affreuse et a eu les couilles d'affronter son destin. J'étais jeune et bêtasse, mais sincère : hé bien le grand homme n'a pas été condescendant. Au contraire il m'a paru lucide et incroyablement humble face à des choses qui, moi, m'auraient effaré.
Bon, j'avais pas de voiture alors pour ce qui est de l'orgasme post-contact.....il a fini sur l'oreille.
Luchini est un coiffeur qui a réussi : c'est à dire qu'il n'est pas resté coiffeur. Car chacun sait qu'en sortant de chez les capilliculteurs, on est souvent déçu (pas moi : ma calvitie m'oblige à de honteuses pratiques solitaires avec une tondeuse). Il sait donner de l'épaisseur au verbiage, et ce à la commande. Je l'aurais bien vu écrire des discours politiques : ce type de charabia s'apprend sur les marchés avec un bon camelot, ou avec un bon acteur !
Je vous laisse, y a un client qui m'appelle au rayon 'boudin' d'Intermarché. J'y croise des gens très bien, c'est à dire qu'ils prient pour le salut de leur âme et l'éradication des autres. Qu'ils aiment Mélenchon et ses cravates en soie en vivant dans le XVIeme. Qu'ils pensent que Vergès fut un bon avocat (85 % d'échec en procès, au mieux de sa forme !).
Et bien... Si Fabrice lit ça, il va se dire qu'il est vraiment passé à côté de quelque chose !
RépondreSupprimerEn tout cas, moi j'étais déjà pas farouche à 16 ans, donc si un plan à 4 vous intéresse...
Ah.... je suis plutôt exclusive, moi, Big P.... tu prends Guillaume, je prends Alex, ça va? Et Benoît... Surveillera son beau-frère ! :-p
RépondreSupprimerTrès drôle et très bien écrit. J'aime beaucoup !
RépondreSupprimerBen merci dites ;-)
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