Comme dans un fauteuil !

 

Je me suis fait doubler à la course à pied par une vieille handicapée en fauteuil ! Non mais vraiment ? J'en suis là, de ma forme physique ?

Pourquoi est-ce que je précise bien que la personne était et vieille et handicapée ?
Parce que me retrouver au même niveau qu’une obèse et un handicapé, ok, j'avais déjà connu ça lors de mon Lyon Urban Trail de 15 kilomètres.
Parce que dépassée par des vieux et des vieilles, ok, ça m'arrive chaque fois que j’enfourche mon vélo et que je me lance dans une montée. Non, on va être honnête : même sur le plat, ils m'atomisent. Mais je le vis encore plus mal à bout de souffle en pleine ascension d'un col (un col ou un pont au-dessus d'une autoroute, d'ailleurs...). Quand je cherche mon oxygène alors qu’ils me déposent en discutant tranquillement du haut de leurs 80 ans. Sans un brin d’essoufflement dans la voix. Et qui ont même l'outrecuidance de te lancer parfois un "Courage !" bienveillant, mais si humiliant. Ça va bien, hein ! L'avance, vous l'avez déjà, pas la peine d'aller si vite. Si la logique est respectée, vous arriverez à la fin avant moi de toute façon...

D'habitude, je vis très bien de faire du sport juste assez pour tenter de rester en forme, mais jamais assez pour obtenir un niveau satisfaisant, quelle que soit la discipline (que je n'ai pas). Mais alors là...

Alors que je motive pour aller courir, comme je me promets de le faire depuis deux semaines en vain, que je finis par y aller après une bonne heure de négociation avec mon moi maléfique, bien consciente que je suis poussive et que j’en bave sévère... Le petit "biiiiiip" du fauteuil roulant électrique dans mon dos qui me prévient qu'il va passer, tout en induisant le fait que si je pouvais bien gentiment me mettre sur le côté histoire de ne pas gêner le passage... 

Là, c'était trop ! Elle m'a regardée bizarrement quand j'ai éclaté de rire au moment où elle m'a dépassée. Un rire mêlant l'étonnement, la rage et l'impuissance. Le fameux rire qui te sauve de l'effondrement en larmes. Quant à elle, aucune idée de ce à quoi elle pensait en me dévisageant à cet instant présent, instant magique où une joggeuse venue de nulle part l'a déposée elle aussi, et moi au passage, en quelques grandes enjambées gracieuses. 

Je les ai regardées s’éloigner avec l’impression d’être devant une vidéo que j’aurais passée en vitesse x2 par mégarde. Mais je n’ai jamais trouvé le bouton pour repasser en vitesse réelle, rattraper la vieille et lui crever les pneus, et elles ont fini par disparaître toutes deux de mon horizon, courant et roulant vers de nouvelles aventures.

Bon. Je crois que tout est dit, il va bien falloir que je me fasse à cette idée... Seule, je ne vais ni plus vite, ni plus loin. Et ensemble ? Non plus. Alors, soit je me bouge vraiment et je me remets à courir régulièrement histoire de pouvoir rivaliser avec les fauteuils roulants électriques, soit j'en achète un.

J'hésite, mais je crois qu’au fond de moi, mon choix est déjà fait, si je veux garder le peu de dignité qui me reste encore. Vous saviez qu'une fois rôdé, un fauteuil roulant électrique met en moyenne entre 6h et 8h pour se charger entièrement ?...