Et toi ? T'es pour ou contre les gilets jaunes ?

Alors  attention ! Les « Je ne sais pas », « Je m’interroge », « Je suis mitigée », c’est in-ter-dit 
Alors ?! T’es pour ou t’es contre ?

Moi ?

Ben, je ne sais pas trop, en fait…

« Ah, donc t’es contre ! »

Mais non !!!!

Bon, attendez…. 

On peut revenir à la base ?

Alors…

Déjà, c’est beau ! Le gilet ? Non ? Le mouvement. Parce que le gilet, entre nous…

On sent que c’est une idée d’automobiliste qui n'avait que ça sous la main. Heureusement qu’on n’est pas obligé d’avoir des débardeurs en résille orange quand on tombe en panne, parce qu’il fait un peu froid quand même. Même si ce serait plus rigolo à voir. Mais ce n’est pas le sujet…

Donc... Qui a eu cette idée ? Vous vous rendez compte que ça pose des soucis, quand même...

Ben oui ! Tu tombes en panne sur l’autoroute, t’oses plus sortir et mettre ton gilet jaune ! T’es pas à l’abri de te faire tabasser parce que tu bloques la bande d’arrêt d’urgence. Alors qu’en fait, c’est juste toi qui attends qu’on vienne te débloquer… Le serpent qui se mord la queue. Pas étonnant que  les gilets jaunes investissent les ronds-points !

Mais arrêtons de parler chiffons…

Le mouvement en lui-même ?

Ça pourrait être incroyable, historique ! On parle d’un soulèvement populaire, on est à deux doigts du grand soir et de l’orgasme de la lutte finale. Sauf que… Tout le monde s’engueule !
Les gilets jaunes, c'est le peuple ? Ok, mais ceux qui ne le sont pas, c'est le peuple aussi ! Les riches autant que les pauvres !

Tout le monde est contre tout le monde quand on aurait besoin que tout le monde soit avec tout le monde.

Ils veulent être écoutés, mais refusent de nommer des porte-parole.

Ils condamnent la violence, mais menacent de mort ceux qui se proposent d’aller dialoguer avec le gouvernement.

Ils demandent plus de démocratie, mais refusent qu’on ne les soutienne pas, parce que ce n’est pas démocratique de ne pas être d’accord avec eux.

Ils dénoncent un chef de l’État autoritaire mais demandent de remplacer le président élu par le général de Villiers.

On se retrouve avec plein de questions, plein de problématiques, plein de revendications loin d’être dénuées de sens, mais tout finit toujours par se résumer à un pour ou contre.

Pour ou contre les gilets jaunes ?
Pour ou contre Macron ?

Pour ou contre la bagnole ?
Pour ou contre l'environnement ?
Pour ou contre la violence ?
Pour ou contre les bisounours ?

Pour ou contre les riches ?

Pour ou contre les pauvres ?

Toujours contre. 
Les gilets jaunes contre les foulards rouges.

La France des villes contre la France des campagnes.

La France des bagnoles contre la France des trottinettes électriques.
L'écologie contre l'économie.
La fin du mois contre la fin du monde.
Les bobos contre les beaux beaufs. 
Les gilets jaunes contre les journalistes.
Les politiques contre les journalistes. 
Tout le monde contre les journalistes.

La France du haut contre la France du bas.

La France du milieu contre la France du milieu.

Ce n'est même plus de la faute de l'islam et des migrants, non mais c’est quoi, ce bordel ???...

Alors pour ou contre les gilets jaunes ?

Je ne peux pas me prononcer.
Je ne sais pas si je suis assez en galère pour pourvoir me plaindre.
Je ne sais pas si je suis assez écolo pour pouvoir me plaindre.
Je ne sais pas si je suis assez taxée pour pouvoir me plaindre.

Et pour et contre...

Pour les revendications, contre la violence.

Pour que les choses changent, contre le populisme.

Pour l’écologie, contre les taxes à l’aveugle.

Finalement, ni pour ni contre. Ni anti, ni nantie.