Coming out

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais il y  une nouvelle mode qui se développe depuis quelques années : on met les phobies à toutes les sauces. On est homophobe, transphobe, et depuis peu, mon préféré : grossophobe… Alors celle-là, elle vaut son pesant de cacahuètes !

Non mais, vous savez ce qu’est une phobie ?

Une phobie, si vous jetez un œil dans le Larousse(Non, Wikipedia n’est pas une référence !), c’est une « Crainte angoissante et injustifiée d'une situation, d'un objet ou de l'accomplissement d'une action. / Aversion très vive pour quelqu'un ou peur instinctive de quelque chose : Avoir la phobie de la foule. »

Alors arachnophobe, je vois bien. C’est quand une bestiole de 5 mm avec 8 pattes te fait sortir de la pièce en hurlant parce que tu penses qu’elle va te tuer.

Vous me voyez venir ?

Homophobe donc… Tu croises deux mecs qui se tiennent par la main dans la rue, et là, crise d’angoisse, panique, tu te sens en danger de mort imminent ? Non mais il faut arrêter. C’est juste que voilà, toi, les deux mecs qui se galochent, ça te met mal à l’aise, alors tu préfères les insulter, voire les frapper. T’as pas peur d’eux, tu ne les aimes pas, c’est tout. D’ailleurs, souvent, tu n’es pas si homophobe que ça, puisque quand tu rentres chez toi, tu te paluches devant des films où des femmes se frottent entre elles. Et là, d’un coup, te voilà totalement homophile ! Tu n’es pas –phobe, tu es juste un gros con.

Ce qui m’ennuie , avec les termes comme "grossophobe", c’est qu’on mélange tout. On n’a plus le droit de dire que quelqu’un est trop gros, même s’il l’est, ou de se moquer de lui. Mais on a encore le droit de trouver qu'un gros peut être moche ou méchant, merde ! Tout comme on a le droit de trouver que les porte-manteaux qui défilent sur les podiums les os à l’air sont moches aussi. Pour autant, je n’ai pas encore entendu crier au scandale de la maigrophobie… A quand les manifs de mannequins pour demander qu’on ne les juge pas à cause de leur choix d’être anorexique ? (Et là…  Il y en a, en lisant ça, qui déjà, montent sur leurs grands chevaux : « Quoi ?! Scandaleux ! Comment elle peut écrire ça ? L’anorexie n’est pas un choix, c’est une maladie, blablabla... » Ne m’interrompez pas !).

Mais alors si on n’a même plus le droit de se moquer des gros… Déjà qu’on n’a plus le droit de se moquer ni des homos, ni des noirs, ni des asiatiques, ni des arabes , ni des juifs, ni des pauvres… Il va nous rester quoi ? Les femmes ? Ouh là !!! Non ! Euh… Sauf si t’en es une. Là, t’as le droit. Et encore… A certaines conditions et avec certaines limites. C’est ça le souci : tu ne peux te moquer que de ceux qui te ressemblent. Ou ceux de la communauté dont tu es issu. Bon, moi, j’ai de la chance : il me reste les femmes, et parmi elles, les meilleures d’entre toutes…. Les blondes !!!!

J’adore les blagues sur les blondes. Elles me font hurler de rire. Mais il faut arrêter !!! Sexistes ? Misogynes ? Au fond, certainement, oui… Mais ce sont surtout des blagues qui s’en prennent aux écervelées. Et on en connaît tous, des comme ça dans notre entourage. Pas toutes blondes d’ailleurs. Mais on s’en fout ! Blonde, ce n’est pas une couleur de cheveux, c’est un concept !

Heureusement qu'on a encore le droit de se moquer des cons. Sinon, Guillaume Meurice, Pierre-Emmanuel Barré, les Grolandais ou Jean-Yves Lafesse seraient en prison !

  

On se plaint que la parole raciste et haineuse se libère, que le communautarisme se développe, mais quand on essaie d’aborder le sujet avec humour, qui est quand même un fantastique moyen d’expression et qui arrive à déminer nombre de situations, on se retrouve tout de suite sous le feu. Et on se fait critiquer, insulter… Bien souvent par des gens qui n’ont pas compris que le deuxième degré n’est pas qu’une température. On est tout de suite taxé de raciste, antisémite, sexiste, spéciste, socialiste… Non mais ça va, oui !

Quand je repense à certains sketches de Desproges, de Dupontel ou des Nuls… Mais aujourd’hui, ils passeraient leur temps en procès, alors qu’ils ont passé leur temps à nous faire rire !

Vous  imaginez si les Belges nous faisaient un procès pour discrimination à chaque fois qu’on fait des blagues sur eux ? Non mais y’a longtemps qu’ils auraient engrangé de quoi s’acheter autre chose que des frites et de la bière. Je ne sais pas, moi… Ils auraient peut-être essayé la côte de bœuf saignante et le champagne. Ah non… Ben non ! Pas le bœuf. C’est du spécisme, le lobby vegan va me tomber dessus. Et le champagne non plus, pas le droit de pousser à la consommation d’alcool, sans aussitôt ajouter « avec modération ». Et en fait, c’est révélateur de notre société. Nous sommes une société qui peut rire, mais avec modération. Et plus l’humour est modéré, plus les propos haineux se déchaînent, amplifiés par la magie des réseaux sociaux.

Arrêtez avec la modération ! La modération tue.  
Vous ne trouvez pas que « La période Sex, drugs & rock’n’roll était quand même plus sympa que la Vegan & Gluten/Lactose Free & CrossFit actuelle » ? Moi, si ! 

Ce n’est pas parce que l’on n’aime pas les gros ou les homos que l’on est –phobe. Non. On est juste un connard.

Alors voilà, je pense qu’il est temps pour moi de faire mon coming-out : je suis connarophobe. Mais je suis à peu près tranquille, parce qu’avant que l’internationale des connards vienne me faire un procès à visage découvert… Twitter sera mort !

NB : ce petit accès d’humeur est dû aux attaques qu’a essuyées Nawak après la publication de ce dessin.

Quand j’y vois une formidable caricature de la décadence de notre société de consommation et de son effet auto-destructeur, d’autres y ont vu un dessin grossophobe et anti-pauvres (parce que ce sont ceux-qui-n’ont-pas-assez-d’argent-pour-manger-bien-qui-achètent-de-la-malbouffe-et-donc-qui-sont-les-plus-gros-mais-c’est- pas-de-leur-faute)… Mais maintenant que je regarde de plus près, ils n’ont pas tort : la terre est un peu trop grosse… Il abuse, Nawak !