La presse hebdomadaire (locale!) - Épisode 1 : Une nouvelle vie

Depuis un an, DeF est journaliste. Oui, oui : journaliste ! (Ca en impose, là tout suite, dit comme ça, non ?) Bon, en vrai, journaliste, oui, mais un journal local. Très local. (Très très local, en fait, genre... Chambéry...) Oui, bon d'accord, mais l'information locale est-elle moins importante que l'information nationale ou mondiale ? En quoi le malaise de Sarkozy serait-il moins important que celui de madame Pichut ? Cette vieille dame qui habite au troisième sans ascenseur, et à qui il a fallu envoyer les pompiers... Et voilà : nos milliers de lecteurs, abasourdis, ont découvert pourquoi leur ruelle avait été bloquée samedi dernier entre 13h00 et 13h10 : les pompiers pour madame Pichut ! (Je raconte bien, hein ? On sent l'avidité de savoir des habitants ?) Et après? Comment va madame Pichut ? Non, parce que ce n'est pas tout ça, mais voilà que nous tenons tout Chambéry en haleine : pourquoi a-t-elle eu un malaise ? Vit-elle seule ? Qui lui monte ses courses ? Ses perruches ont-elles donné l'alerte ? Mais que d'inquiétudes ! Que d'incertitudes ! Le peuple veut savoir ! Ce qui est arrivé à madame Pichut, les lecteurs ne le sauront finalement jamais. Eh oui ! C'est la dure loi du fait divers et des chiens écrasés on s'arrête à l'hôpital : "Madame Pichut a été prise en charge par les pompiers, qui l'ont conduite au service des urgences de l'hôpital." (Et en même temps, on est un hebdomadaire, alors le temps qu'on raconte l'histoire, si ça se trouve, les gens meurent le temps qu'on sorte...)

Des drames quotidiens naissent et meurent ainsi à quelques encablures de chez nous, et seule la presse locale est là pour nous relater la vie, la vraie. Les chantiers, les inaugurations de ronds-points, les interdictions de stationner temporaires : grâce au journal de Delphine, des milliers (Bon d'accord... Un millier... Bon, d'accord, des centaines, si on ne compte pas les abonnements historiques de tous nos vieux lecteurs qui n'arrêtent plus de mourir, faisant baisser drastiquement les statistiques de vente...) de gens savent qu'ils doivent suivre la déviation N2 s'ils ne veulent pas se retrouver coincés dans les embouteillages du Faubourg Maché (Ah oui, Chambéry, c'est grand : nous avons deux faubourgs ! Si, si! Vrai, vrai!) pour cause de travaux sur le réseau des égouts de la ville.

La presse hebdomadaire locale est une aventure à part entière. Une aventure qu'il faut vivre pour la comprendre. Mais DeF est une fille généreuse : comme tout le monde n'a pas l'incroyable chance de vivre une expérience aussi intense, elle se fera un devoir et un plaisir de la faire partager !

Les travaux dans les égouts vont-ils empester la ville ?
Madame Pichut a-t-elle fait du gringue aux pompiers ?
Les lecteurs vont-ils survivre jusqu'au prochain numéro ?