De l'art de vendre du rien

Vide
C’est marrant comme on a changé de culture. Avant, on achetait du deux en un, du trois en un, du plus blanc que blanc, du triple action et du « Y’en a un peu plus, j’vous l’mets quand même ? » (titre !).

Aujourd’hui ? C’est tout l’inverse ! On en a de moins en moins, mais on paie de plus en plus. Ça ne vous parle pas ? Je vous explique…

Regardez le bio, par exemple. Sur les étals, c’est marqué en gros : « Pas de pesticide », « pas d’engrais », « pas d’antibiotique », « pas d’OGM ». Que des choses en moins. Et pourtant le bio est souvent un tiers que plus cher que tous les autres produits avec plein de choses dedans. Mais enfin ! Pourquoi les trucs où il y a plein de truc dedans, c'est finalement moins cher ?

On ne compte plus le nombre de produits où on voit fleurir « Sans huile de palme ». Très bien ! Mais oh ! Si t’enlève l’huile de palme, tu enlèves aussi ce qu’elle coûtait ! Tu enlèves les nitrites du jambon, parce que tu ne veux pas qu’on attrape un cancer, c’est gentil de ta part. Mais arrête de monter le prix d’un truc qui, en plus, va se conserver moins longtemps !

Et le gel douche ?... Le Sanex 0%, ce n’est pas merveilleux, ça ? Il est sans sulfates, sans colorants et… Sans savon ! Tout ça pour quoi ? Pour garder la peau saine. Mais enfin ! Pourquoi est-ce qu’il est plus cher ? Ou au même prix ? Oh ! Vous enlevez des trucs, enlevez des euros ! On parle quand même de savon sans savon, là ! La mousse à raser ? Sans parfum, sans ingrédients qui irritent la peau… Allez ! Encore une fois, tu dois sortir quelques euros de plus. Un vélo ? Plus il est léger, plus il cher ! Les sous-vêtements, ce n’est pas incroyable ? Moins y’a de tissu et plus ça devient inabordable. À croire que le plus cher dans tes strings, c’est l’air qu’il y a dedans ! La cuisine moderne ? Moins t’en as dans l’assiette, moins t’as les moyens de te payer les restos. C’est exceptionnel, la cuisine moléculaire : tu bouffes des nuages et tu te fais manger ton portefeuille !

Et ça marche pour les fringues, pour les biberons en plastique, les produits ménagers et les lessives qui te filent des allergies… On enlève, on enlève,… Mais on n’enlève jamais une partie du tarif. Même quand tu vas à la piscine et que n’as qu’une ligne ouverte sur deux, tu paies le même tarif. Alors que bon, t’avais peut-être envie de toutes les essayer, après tout…

On a réussi à nous convaincre que moins on met de trucs dedans, mieux c’est pour ta santé et donc plus c’est cher. Enfin, sauf pour les clopes. Ça a beau être mauvais, ça continue à être de plus en plus cher…

Non, il n’y a qu’un domaine, où, ok, ça me semble justifié, c’est le strip-tease. Là, d’accord, tu veux voir du nichon qui se tient, de la tablette de chocolat bien moulée,… Ok, je veux bien payer plus avoir moins…. Mais moins de fringues. Sinon, non !

Enfin ceci dit, plus ça passe et plus j’ai l’impression de prêcher dans le désert… Y’a quand même un mec qui a réussi à vendre il y a quelques temps une sculpture invisible à 15 000 euros. 15 000 balles le rien ! Artiste, je ne sais pas, mais génie, ça, c’est certain. Quel champ de possibles s’ouvre à nous !

Vous imaginez, au boulot ? Je vois bien mon patron se dire : « ok, elle me donne moins de boulot, je vais la payer plus ! » Déjà que quand j’en donne plus, je gagne autant… Je me vois bien aller le voir et lui dire tranquillement : « Bon, j’ai décidé de faire du travail invisible. Vous ne pouvez pas me dire non, je vais vous faire gagner un pognon de dingue. C’est sûr, il va me répondre : « Mais bien sûr, reste chez toi ! C’est merveilleux, tu as enfin trouvé la recette de l’argent magique ! » Ou alors, lui aussi, il va se dire qu’on nous prend un tout petit peu pour des cons, non ?

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