Covid 19 : sens et bon sens

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 Qui aurait pensé que l’année 2020 serait une année 19 ? Vous avez remarqué ? Covid 19 pour tous ! Ah pardon, vous pensiez ne pas être infecté ?

 Et pourtant… Vous n’avez pas perdu le goût ? Vous savez, ce petit sel de la vie… Ce piment que nous apportaient le vivre-ensemble, les moments d’échange, les loisirs, la musique…

 Vous allez me dire que vous n’avez pas perdu l’odorat. Vraiment ? Sentez-vous tout ce que nous perdons, jour après jour, au nom de la sûreté, d’une liberté qui n’est plus que dans ce que l’on nous dit plutôt que dans ce que l’on vit ?... Sentez-vous l’odeur de l'insouciance et de la joie de vivre qui s’éteint peu à peu ?...

 Mais cela ne s’arrête pas là ! Après le goût et l’odorat, on nous enlève le sens du toucher. Restez à distance ! Arrêtez les effusions, les caresses, les câlins, les baisers ! Ne touchez plus rien ! Tout peut vous contaminer.

 Notre vue ? Elle se voile au fil des jours. Quelle vision de l’avenir quand même demain devient incertain ? Aveuglés par les informations anxiogènes, par la peur, par notre intérêt personnel.

 Quant à l’ouïe… Il y a bien longtemps que nous n'entendons plus l’essentiel. Nous n’entendons plus que le décompte lancinant du nombre de malades, du nombre de morts, du nombre de lits disponibles en réanimation…

Nous perdons peu à peu l’usage de tous nos sens.
Et celui qui disparaît le plus vite est le sens critique…
Plus rien ne fait sens, tout est sens dessus-dessous.

Oui, mais dans un monde tout propre !

 Nous lavons, nous désinfectons, nous aseptisons. Nos réseaux sociaux deviennent des espaces de liberté contrôlés, bien nettoyés, bien nets. Plus rien ne dépasse. Tous dans le même sens, dans nos bulles jamais chahutées, nos certitudes jamais ébranlées… Les avis dissonants sont effacés, les paroles dérangeantes étouffées.

 Enfin, nous ne sommes plus obligés d'aller vers l'autre ! Ouf ! Une vie sans contact. Sans échange. Sans rencontre. Mais quel pied ! Plus de risque ! Plus de déception ! Plus besoin de sortir chez soi ! Les applications de rencontre n’ont jamais rencontré autant de succès. On swipe, on discute, on coupe, on relance… Plus besoin d’effort. Plus de frisson quand les regards se croisent au gré de la conversation et que les yeux dévoilent tout à coup autre chose. Plus d’effleurement ou de main qui traîne, provoquant un battement de cœur un peu plus fort. Chacun derrière son écran, tapotant nonchalamment, occupé à faire autre chose : on ne perd plus de temps. Se voir ? Peut-être. Mais pour quoi faire ? Rester à un mètre, bien cachés derrière les gestes barrières ? Ne prenons pas de risque! Restons chez nous, chacun bien chez soi, mais personne vraiment tout seul. Quelle merveille que la communication, tout de même !

 Vous voulez des loisirs ? La télé a regagné ses lettres de noblesse ! Le nombre de téléchargements de Tik Tok a explosé. Voilà du divertissement de qualité ! Oubliez le spectacle vivant, délaissez les salles de cinéma ! Les yeux rivés sur vos écrans, vous pouvez zapper, consommer du court, du formaté, de l’amusant,… Tout est à portée de pouce : rions à gorge déployée devant un énième défi de slip sur la tête ou une sempiternelle chute dans du caca…

 Quelle belle vie nous offrons à nos enfants ! Quel modèle de vie rêvé ! Nous leur apprenons à se méfier de tout. Du dehors, de l’autre, de tous les plaisirs de la vie. Comment être en sécurité ? En allant s’entasser dans les transports en commun pour aller travailler. En allant s’entasser dans des salles de classe pour s’entendre marteler à quel point il faut être prudent… Il y a de quoi perdre la tête…

Mais allons-y, continuons !
Laissons mourir nos anciens, nos artistes, nos petits entrepreneurs.
Écharpons-nous sur le port du masque.
Dénonçons nos voisins.
Montons-nous les uns contre les autres, à défaut de se monter les uns sur les autres.
Restons masqués pour ne pas être démasqués.
Sacrifions nos libertés pour garder la santé : plus personne dans les bars, les restaurants, les théâtres et les rues le soir.
Acceptons d’être à moitié morts pour rester vivants…

 Oublions de goûter, sentir, écouter, voir, toucher. Arrêtons de rire, profiter, aimer, sortir, découvrir, partager, manger et boire.

Le virus fait-il donc bien plus peur qu’une vie sans saveur ?…

 

Commentaires

  1. Ouaip....je sais pas pourquoi, ça me fait penser à la tribune de Bedos ou bien encore, toutes proportions gardées, à cette troupe de théâtre qui jouait "on ne saurait penser à tout" à Paris en mai juin 1940.
    Le pathétique a ses raisons que la raison ignore.
    En tout cas, la bébête CoVid insignifiante (mais mystérieuse, et dont l'origine exacte est en soi une question politique et écologique primordiale, évidemment ignorée) fait "bouger les lignes".
    Moi je ne sais rien. Ou plutôt si. Une chose qui n'a aucune importance et relève du "Spectacle Défunt" : un Ancien de la famille dont les amoureux de la Liberté se foutent éperdument, rentré à l'hôpital un mercredi et mort le samedi. Enterrement en sac plastique intégral, juste les 2 fils présents et à distance. Mais vraie chance : pas de stockage de corps réfrigéré à Rungis. Plus "piston" : crémation évitée aussi. Merci CoVid !
    Rien du tout, donc. Sauf que….
    Résultante d'un petit rien qui s'est répandu en quelques semaines à l'échelle du Clapier Planétaire. Qui, objectivement, fout en l'air nos "libertés" (ah si les gars de la 1ere République nous voyaient, ils se foutraient bien de notre petite jouissance égoïste, tiens) et notre économie (qui fait bouillir la marmite, la vraie, celle du Grand Equilibre du Clapier).
    Pour le reste, BFM TV et l'équipe d'en face passent leur temps à parler. ça fait bosser les journaleux, gamberger le prolo, et grimper les prix.
    Je suis content de me dire que le virus n'est actif qu'entre 6h et 21h. C'est le progrès. Mais les Défenseurs de la Liberté proposent qu'ils soit actif 24h sur 24 ! Pas sûr que ce soit beaucoup plus cohérent, in fine….

    Je laisse les rois de la tchatche prendre la main : l'avenir leur appartient. Puisque je ne sais rien de rien. Mais au fait, les tchatcheurs, ils savent, eux ? Ben oui, mon bon monsieur : ils sont "libres" comme on dit aujourd'hui. C'est à dire dépendants du Système qu'ils décrient, mais sans le savoir ou, plus grave, l'assumer. Comme moi donc. Mais s'autorisant à prendre les autres pour des cons : ce qui, selon Audiard, est le meilleur moyen de les reconnaître.

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