Le monde du silence d’après
Pendant le confinement, nous avons tous imaginé le « monde d’après ». Chacun y allait de ses utopies... On allait tous s’aider, s’aimer, être respectueux, prendre soin de la nature… On s’imaginait déjà, danser tous ensemble sur de la musique joyeuse et faire la fête pour célébrer un monde empli d’amour et d’entraide… Et finalement….
Ben finalement, vous repasserez, pour danser. Parce que le monde d’après, c’est le monde du silence. Parce que dans le monde d’après, il n’y a plus de plus de boîte de nuit. Plus de soirée dansante. Et surtout, plus de spectacle et plus de concert.
Le monde d’après, c’est un monde où la culture n’a plus sa place.
Un monde où tout un pan de l’économie a été oublié par le gouvernement. Un monde où les musiciens ne peuvent plus travailler. Les comédiens, les humoristes ? Non plus !
Oh, on ne va pas les plaindre pour autant, les saltimbanques, on les connaît. Tous ces intermittents, ça se saurait, s’ils bossaient. Vous n’allez quand même pas me faire croire qu’ils vont se plaindre d’être payés à rester chez eux sans rien faire ?
Non, parce que ces feignants, avec leur régime spécial qui leur permet de ne travailler que la moitié de l’année en vivant au crochet de la société, ce serait tout de même bien étonnant qu’ils n’y prennent pas goût. Et puis, ça ne concerne pas grand monde : combien sont-ils à vraiment vivre en montant sur scène ? Quant à tous ceux qui les entourent, les tourneurs, les programmateurs, les techniciens… Les techniciens ?! Mais déjà qu’ils ne sont bons à rien et qu’ils passent leur temps à en faire le moins possible, vous pensez vraiment qu’ils vont se remettre au boulot quand ça va repartir ? Et il faudrait qu’on s’inquiète pour ces tous ces gens improductifs, dont le seul but dans la vie est de nous distraire ?
Et puis, que dire du bonheur des habitants des alentours des salles de spectacle ? Ou des villes où se tiennent des festivals ? Quelqu’un y a pensé ? Enfin, un peu de silence ! Du calme ! De la tranquillité !
Ils ne sont plus envahis par tous ces festivaliers qui font du bruit jour et nuit, qui boivent, qui mangent, qui font tourner l’économie locale, qui permettent aux commerçants de vivre.
Enfin, sauf au Puy du fou. Les pauvres… Là-bas, le micro climat permet de résister à la Covid 19 et aux spectateurs de s’entasser à neuf mille pour profiter des spectacles. Alors tous ces intermittents qui râlent qu’ils n’ont plus de travail, s’ils voulaient vraiment trouver du boulot, hein… Vous ne croyez pas qu’ils traverseraient la rue et iraient postuler au Puy du fou ?! Mais non, ils préfèrent geindre et profiter grassement de leurs allocations chômage. Ils pensent qu’on ne les voit pas faire ?
Quant à tous ces musiciens, ces groupes qui pleurent et se plaignent de n’avoir aucune nouvelle de la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, ils aimeraient qu’on pleure aussi sur leur sort ? Alors que bon, entre les ventes de disques (qui, tout le monde le sait, sont exponentielles), le streaming qui leur permet d’être écoutés par la terre entière et d’engranger des revenus indécents et les passages radio qui leur assurent des droits d’auteur confortables… Ils nous pensent assez bêtes pour les croire quand ils nous expliquent qu’ils n’arrivent plus à joindre les deux bouts ?
Comment ?... Certains artistes ne passent jamais à la radio et ont besoin des concerts pour toucher des droits d’auteur et vivre ? Ah mais vous êtes gentils, mais s’ils ne sont pas assez talentueux pour être retenus dans les programmations musicales, peut-être qu’ils devraient changer de métier ? C’est la loi de l’évolution, ça… Les faibles s'adaptent ou meurent.
C’est comme les petits festivals, les petites salles de spectacles, les cafés-concerts… S’ils n’ont pas les reins assez solides pour survivre, eh bien que voulez-vous ? C’est la loi du marché, voilà tout. Réjouissons-nous : nous aurons moins, mais mieux. Du spectacle de qualité, subventionné. Et les lieux alternatifs et indépendants qui offraient des galops d’essai et des premières scènes à des artistes en devenir ? Quelle est vraiment leur utilité à l’heure des réseaux sociaux ? S’ils sont vraiment doués, ils perceront et les clics sur leurs vidéos leur assureront un véritable salaire.
Non, vraiment, il faudrait que notre économie continue à soutenir un secteur déjà sous perfusion ? Vous croyez qu’il n’y a pas d’autres priorités que de permettre aux gens de sortir, de s’amuser, de partager, de s’ouvrir aux autres, de se cultiver, d’être heureux ? Alors qu'on peut enfin profiter du silence ? Mais enfin ! Vous voulez vraiment retourner dans le monde d’avant ?!...
#concertsdebout
Lisez. Réfléchissez. Partagez.
RépondreSupprimerA lire pour se rendre compte que demain le silence ou la nostalgie seront les seuls spectacles ...
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