Suggestion de présentation
Vous avez déjà remarqué, sur les emballages des aliments, cette petite mention que l’on trouve toujours quelque part, souvent pas très éloignée de la photo représentant ce que l’on trouve à l’intérieur du paquet : « Suggestion de présentation » ?
Ce qui est très sympa, avec l’industrie agro-alimentaire, c’est qu’elle a compris que pour faire envie, il faut montrer ce que ça va donner. Juste au cas où, par exemple, on ait un doute sur ce que sont des raviolis. Des raviolis, vous ne voyez pas ? Pas de panique ! Il y a une belle photo sur la boîte ! Pour peu qu’ils soient à la bolognaise, on les voit nappés de sauce riche, onctueuse et appétissante avec de bons gros morceaux de viande hachée, surmontés de feuilles de basilic. Ça fait rêver, hein ? Bon, après, vous ouvrez la boîte, vous la renversez dans le plat et vous voilà devant un gloubiboulga de pâtes informes, déchirées et éventrées, et de sauce mi-flotte mi-quelque chose. Et là, c'est le drame : vous vous souvenez que vous n’avez pas de basilic ! On ne va pas se mentir : on est loin de la suggestion de présentation qui nous avait appâtés. Alors moi, je veux bien, hein, tenter de remettre ça d’aplomb pour que ça ressemble à la photo de la boîte. Mais recoller des raviolis, on a vu plus simple.
Et encore… Il faut pouvoir s’approcher du modèle.
Vous avez remarqué ce qu’ils mettent sur les briques de jus d’orange ? Des oranges ! Là, on frise le génie. On ne sait jamais, pour peu que tu penses que le jus d’orange vient des pommes ou du raisin... Mais revenons à notre sujet ! La suggestion de présentation, donc, c'est un verre de jus d’orange, avec de belles oranges entières ou coupées en deux posées derrière le verre. Alors, d’accord. Je veux bien que donner des exemples, proposer des mises en situation, ça puisse aider les gens. Mais donc, pour boire ton jus d’orange en brique, il faut d’abord que tu ailles chercher des oranges, que tu ne les presses surtout pas, que tu en coupes une ou deux, et que tu les poses comme ça, derrière ton verre… Non parce que moi, bêtement, si j’achète du jus d’orange en brique… C’est qu’il y a quand même une petite chance que j’aie la flemme de presser des oranges. Voire que je n’aie pas d’orange du tout, en fait...
Les yaourts aux fruits ? Suggestion de présentation : le pot ouvert, crémeux, entouré de tous les fruits qu’il y a dedans. Oh ! Mais je veux manger un yaourt, moi, pas passer trois heures à faire une nature morte avant de tremper une petite cuillère dans le pot ! Et là, encore, ça va… On en parle de la viande surgelée, où on la voit cuisinée, sur une assiette devant un champ et une vache. Je la trouve où, moi, la vache, pour pouvoir manger mon plat tranquillement ? Et je me cale comment, dans le champ, avec ma table et mes couverts ?
Alors, d’accord, vous allez me dire que je cherche la petite bête et que je prends les choses au pied de la lettre. Que je fais ma blonde, alors qu'on sait tous que ce qu’il y a à l’intérieur a quelques chances de ne pas ressembler du tout à ce qu’il y a sur l’emballage. Genre la pizza quatre fromages fumante, croustillante, avec toutes ces textures, ces fromages coulants et à l’air savoureux… Qui t’offre, une fois déballée, une espèce de couche de plastique blanc informe qui te fait clairement plus penser à un frisbee qu’à un truc que tu serais susceptible de manger.
Vous me direz que je n’ai qu’à cuisiner. Mais regardez de plus près ! Même sur un pot de poivre moulu, la suggestion de présentation, ce sont des grains de poivre jetés négligemment au bas d’un poivrier. Donc avant de pouvoir m’en servir, faut que je balance en cascade des grains de poivre sur mon plan de travail dans la cuisine ? C’est ça le concept ? Vous avez une idée de l’état de la pièce quand j’aurais fini de préparer mes tomates farcies aux trois poivres ? ! Vous avez vu tout ce qu’il faut comme ingrédients ? Et on en parle, de la chair à saucisse ?! Je le fais dormir où, le cochon ? (non, pas dans mon lit, oui, il y a un double-sens à cette phrase, bande de dégoûtants !)
J’entends déjà les esprits chagrins, qui vont m’expliquer que je joue sur les mots. Que non, cette mention n’est pas faite pour illustrer une façon de préparer les choses, contrairement à ce qu'elle laisse penser, mais pour donner envie, faire croire qu’on va trouver un produit merveilleux une fois la boîte ouverte.
Ça ne vous rappelle rien ? Instagram, Facebook… Bienvenue au festival international des suggestions de présentation !
Les photos de profil ? On vit dans un monde de gens beaux, souriants, sans un seul défaut de peau et qui ont tous entre vingt et trente ans. Encore pire : celles des profils Tinder ! Résultat : quand tu les croises, tu ne les reconnais pas. On dirait des raviolis sortis de leur boîte.
Des mecs qui font du sport sans transpirer et sans être rouges.
Des nanas au saut du lit le matin, déjà brushinguées et maquillées.
Des recettes « réalisées rapidement et pour la première fois, hein, merci de votre indulgence » laquées, éclairées et présentées avec plus d’éclat qu’un mannequin lingerie.
Des familles en vacances reposées et épanouies.
Des couples heureux et amoureux.
Des mères deux heures après leur accouchement souriantes et éclatantes.
Des bébés qui dorment. Qui dorment !...
Finalement, c’est un peu comme sur nos boîtes : pour conserver les belles images, il ne faut pas regarder à l’intérieur.
Mais vous savez quoi ? Je n’aime rien tant que les ratés qui font rigoler, qui font rager, mais qui prouvent que tu as essayé. Les visages fatigués mais heureux, les plats un peu brûlés mais que tu as partagés, les échecs que tu as surmontés, la sueur, le souffle court, le cœur qui cogne et le rouge qui monte aux joues. Ces instants où tu en as bavé. Ces tranches de vie que tu as passé plus de temps à vivre et à savourer qu’à mettre en scène. Ces souvenirs qui restent gravés au fond de ta tête et de celle des gens que tu aimes au lieu d’être affichés sur les écrans de gens que tu connais à peine.. Tous ces moments qui ne ressemblent à rien, mais qui sont les miens.
Vraiment, y’a pas photo… Vous pouvez garder vos clichés !
Ce qui est très sympa, avec l’industrie agro-alimentaire, c’est qu’elle a compris que pour faire envie, il faut montrer ce que ça va donner. Juste au cas où, par exemple, on ait un doute sur ce que sont des raviolis. Des raviolis, vous ne voyez pas ? Pas de panique ! Il y a une belle photo sur la boîte ! Pour peu qu’ils soient à la bolognaise, on les voit nappés de sauce riche, onctueuse et appétissante avec de bons gros morceaux de viande hachée, surmontés de feuilles de basilic. Ça fait rêver, hein ? Bon, après, vous ouvrez la boîte, vous la renversez dans le plat et vous voilà devant un gloubiboulga de pâtes informes, déchirées et éventrées, et de sauce mi-flotte mi-quelque chose. Et là, c'est le drame : vous vous souvenez que vous n’avez pas de basilic ! On ne va pas se mentir : on est loin de la suggestion de présentation qui nous avait appâtés. Alors moi, je veux bien, hein, tenter de remettre ça d’aplomb pour que ça ressemble à la photo de la boîte. Mais recoller des raviolis, on a vu plus simple.
Et encore… Il faut pouvoir s’approcher du modèle.
Vous avez remarqué ce qu’ils mettent sur les briques de jus d’orange ? Des oranges ! Là, on frise le génie. On ne sait jamais, pour peu que tu penses que le jus d’orange vient des pommes ou du raisin... Mais revenons à notre sujet ! La suggestion de présentation, donc, c'est un verre de jus d’orange, avec de belles oranges entières ou coupées en deux posées derrière le verre. Alors, d’accord. Je veux bien que donner des exemples, proposer des mises en situation, ça puisse aider les gens. Mais donc, pour boire ton jus d’orange en brique, il faut d’abord que tu ailles chercher des oranges, que tu ne les presses surtout pas, que tu en coupes une ou deux, et que tu les poses comme ça, derrière ton verre… Non parce que moi, bêtement, si j’achète du jus d’orange en brique… C’est qu’il y a quand même une petite chance que j’aie la flemme de presser des oranges. Voire que je n’aie pas d’orange du tout, en fait...
Les yaourts aux fruits ? Suggestion de présentation : le pot ouvert, crémeux, entouré de tous les fruits qu’il y a dedans. Oh ! Mais je veux manger un yaourt, moi, pas passer trois heures à faire une nature morte avant de tremper une petite cuillère dans le pot ! Et là, encore, ça va… On en parle de la viande surgelée, où on la voit cuisinée, sur une assiette devant un champ et une vache. Je la trouve où, moi, la vache, pour pouvoir manger mon plat tranquillement ? Et je me cale comment, dans le champ, avec ma table et mes couverts ?
Alors, d’accord, vous allez me dire que je cherche la petite bête et que je prends les choses au pied de la lettre. Que je fais ma blonde, alors qu'on sait tous que ce qu’il y a à l’intérieur a quelques chances de ne pas ressembler du tout à ce qu’il y a sur l’emballage. Genre la pizza quatre fromages fumante, croustillante, avec toutes ces textures, ces fromages coulants et à l’air savoureux… Qui t’offre, une fois déballée, une espèce de couche de plastique blanc informe qui te fait clairement plus penser à un frisbee qu’à un truc que tu serais susceptible de manger.
Vous me direz que je n’ai qu’à cuisiner. Mais regardez de plus près ! Même sur un pot de poivre moulu, la suggestion de présentation, ce sont des grains de poivre jetés négligemment au bas d’un poivrier. Donc avant de pouvoir m’en servir, faut que je balance en cascade des grains de poivre sur mon plan de travail dans la cuisine ? C’est ça le concept ? Vous avez une idée de l’état de la pièce quand j’aurais fini de préparer mes tomates farcies aux trois poivres ? ! Vous avez vu tout ce qu’il faut comme ingrédients ? Et on en parle, de la chair à saucisse ?! Je le fais dormir où, le cochon ? (non, pas dans mon lit, oui, il y a un double-sens à cette phrase, bande de dégoûtants !)
J’entends déjà les esprits chagrins, qui vont m’expliquer que je joue sur les mots. Que non, cette mention n’est pas faite pour illustrer une façon de préparer les choses, contrairement à ce qu'elle laisse penser, mais pour donner envie, faire croire qu’on va trouver un produit merveilleux une fois la boîte ouverte.
Ça ne vous rappelle rien ? Instagram, Facebook… Bienvenue au festival international des suggestions de présentation !
Les photos de profil ? On vit dans un monde de gens beaux, souriants, sans un seul défaut de peau et qui ont tous entre vingt et trente ans. Encore pire : celles des profils Tinder ! Résultat : quand tu les croises, tu ne les reconnais pas. On dirait des raviolis sortis de leur boîte.
Des mecs qui font du sport sans transpirer et sans être rouges.
Des nanas au saut du lit le matin, déjà brushinguées et maquillées.
Des recettes « réalisées rapidement et pour la première fois, hein, merci de votre indulgence » laquées, éclairées et présentées avec plus d’éclat qu’un mannequin lingerie.
Des familles en vacances reposées et épanouies.
Des couples heureux et amoureux.
Des mères deux heures après leur accouchement souriantes et éclatantes.
Des bébés qui dorment. Qui dorment !...
Finalement, c’est un peu comme sur nos boîtes : pour conserver les belles images, il ne faut pas regarder à l’intérieur.
Mais vous savez quoi ? Je n’aime rien tant que les ratés qui font rigoler, qui font rager, mais qui prouvent que tu as essayé. Les visages fatigués mais heureux, les plats un peu brûlés mais que tu as partagés, les échecs que tu as surmontés, la sueur, le souffle court, le cœur qui cogne et le rouge qui monte aux joues. Ces instants où tu en as bavé. Ces tranches de vie que tu as passé plus de temps à vivre et à savourer qu’à mettre en scène. Ces souvenirs qui restent gravés au fond de ta tête et de celle des gens que tu aimes au lieu d’être affichés sur les écrans de gens que tu connais à peine.. Tous ces moments qui ne ressemblent à rien, mais qui sont les miens.
Vraiment, y’a pas photo… Vous pouvez garder vos clichés !
Tu as tout à fait raison. Que veux-tu ma pauvre Def, c'est la société du paraître qui prime de partout et à tous les niveaux et je dis bien tous les niveaux. Il ne faut donc plus s'étonner de rien. Il faudrait mettre un énorme et gigantesque coup de pied (piedsssssssss, 1 ce n'est pas suffisant) dans cette fourmilière mais ce n'est pas demain la veille. C'est comme vouloir déplacer le mammouth.
RépondreSupprimerContinues tes billets d'humeur.
Bisous
Bon la prochaine fois pour un RDV Tinder c'est bière et Ravioli ! (reste à définir si c'est blonde brune ou blanche .... heu la bière hein ! ) lol
RépondreSupprimerOn peut négocier la bière sans passer par Tinder ?
SupprimerMoi, je suis un esprit simple : le contenu de la boîte de raviolis, avec ou sans basilic, je le bâfre. Question de bestialité et de beaufitude.
RépondreSupprimerMais vous autres intellectuels, vous vous posez des tas de questions sur tout. La faute à la philo’ et au « dubito ergo sum ».
Redevenez simples, primaires, réacs : la vie devient une prairie parfumée, avec la douceur de la pensée de Patrick Sébastien, l’humour de camping paradis, et l’innocence des Chris vs les Marseillais.
Tu vois, si tu avais regardé Chuck Norris quand tu étais gosse, ta vie serait bien plus simple !
J'adore !
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