Make Notre-Dame de Paris great again !

On va la reconstruire !

Oui mais voilà, il paraît que Notre Dame était tellement évoluée que l’on n’avait pas encore fini d’étudier sa charpente. Qu’on l’avait surnommée « la forêt » (mais sans pouvoir utiliser les Canadair). Que chaque poutre provenait d’un tronc entier (mais sauvez un arbre, brûlez une cathédrale). Que l’on ne pourra jamais la retrouver telle que l’on la connaissait (mais on ne pourrait pas essayer, quand même ? Sinon va falloir réimprimer toutes les cartes postales !).

Notre président veut la reconstruire à l’identique, mais déjà des voix s’élèvent pour dire qu’il ne faut pas. Et le débat est lancé sur les matériaux à utiliser : bois, béton, métal ?... Flèche ou pas flèche ? Oh, et si on lançait un grand concours d’architecture ? Mais quelle bonne idée ! Que chacun laisse libre-cours à son imagination ! Disruptons Notre-Dame, nous sommes la star-up nation !
Revisitons la flèche, tout d’abord. Cette flèche du XIXe, d’ailleurs, pourquoi ne pas la réinventer ? Nous pourrions en faire un symbole de notre société actuelle. Une flèche qui monte encore plus haut vers le ciel, pour montrer à quel point nous sommes confiants dans l’avenir, une flèche qui soit fière d’elle, basée sur la solidarité, l’effort mais aussi le volontarisme. Mais une flèche qui n'oublie pas d’où elle vient, qui soit fière de son histoire, de son pays et de ses valeurs. On a déjà un milliard pour ça ! Ça y est ! Un pognon de dingue qui ruisselle ! Make Notre-Dame great again !

Regardons cette formidable opportunité qui nous est offerte. Les plus riches se bousculent au chevet du monument. Voilà qui va relancer la défiscalisation en France ! Et l’apprentissage ! Refaire une charpente pareille! Un chantier qui va fournir du travail pour des années à des artisans ! Ou à Vinci, si on part sur une charpente métallique ou en béton. Tiens, Lafarge pourrait revenir en odeur de sainteté ! Dans tous les cas, un petit miracle économique !

Et puisque les temps ont changé et que le temps des cathédrales est derrière nous, adaptons la reconstruction à notre société actuelle. Que ce symbole de foi et d’éternité devienne un symbole d’humanité et de tolérance. De fraternité et d’ouverture sur le monde. Laissons donc Dieu derrière nous. On parle de patrimoine, ici : les athées ont été aussi touchés que les catholiques, alors profitons-en ! Remplaçons Marie par Marianne, les Évangiles par la constitution et le Notre Père par la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen.
Bâtissons une cathédrale laïque, avec des symboles non genrés, où la parité sera respectée. Et rebaptisons-la ! Pourquoi « notre » ? Pourquoi toujours exclure ? Pourquoi ne serait-elle pas à tout le monde ?

On en fera un lieu de culture, ouvert à tous. Avec visite des ruines pour les nostalgiques. On laissera un petit endroit pour prier, pour ne pas léser les croyants : chrétiens, musulmans, juifs, bouddhistes,… Chacun trouvera de quoi satisfaire son culte. Et on n'oubliera pas les pastafaristes, à qui sera dédié un vitrail représentant le monstre de spaghetti volant à l’origine de tout. On y organisera des expos d’art contemporain. On y programmera des performances, des projections, des concerts. Oh oui ! Des concerts, tiens !
Et le jour de l’inauguration, pour fêter le renouveau de ce lieu populaire, on fera chanter en chœur par les enfants « Allumer le feu de Johnny ». Ca aura une autre gueule que l’église de La Madeleine !
Il suffira d’une étincelle : M’sieur-Dame de Paris sera le phare de notre troisième millénaire.



(Un grand merci à mes petits frères pour l'inspiration !)

Commentaires

  1. Excellent projet... je valide... drôle en plus et bien écrit en plus!

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  2. Allumer le feu. Je sens la flamme du blasphème bien mise en musique. Notre Dame de Savoie n'a pas perdu sa verve humoristique.
    Michel (de Savoie of course)

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