Le jour où ma cordée a dévissé

Journaliste. Rédactrice. Correctrice. Chômiste. De première à dernière de cordée. Comment, en 2 mois, je suis passée de chef d’entreprise à assistée sociale…

J’ai monté ma boîte avec mon mari. 10 ans de boulot. Communication, rédaction, correction, sites Internet, relations commerciales… Beaucoup de travail, mais c’était bien.

Depuis 3 ans, baisse des clients.
Les piges ? Moins bien payées.
Les corrections ? Moins bien payées.
Les clients ? Plus exigeants.
Le site internet ? Piraté.
Résultat : - 40 000 € en 2 mois quand on venait d’en investir 9 000 dans un logiciel.

Des piges qui continuent à s’amoindrir. Les clients à fuir. Tu es petit, trop petit, face à Booking et compagnie...
Un employeur public qui t’explique que tu ne seras plus pigiste salariée, mais payée sur facture. Pareil avec les maisons d’édition.
Résultat : même boulot, 23% de gain en moins. C’est ça ou rien.

Et hop ! Maladie ! Celle de ton mari. Burn-out. Après les douleurs au dos, celles au cerveau. Il s’écroule. Tu continues seule. Coûte que coûte. Tu es sur ton ordi à 5h15 tous les jours. Jusqu’à minuit. Tu tentes tout. Tu ne sors plus. Tu ne vois plus personne. Tu es seule.

Ton fils ? Il passe son temps à entendre : « Chut ! Moins de bruit ! Attends ! Plus tard ! » Plus tard ? Trop tard… Ma boîte a sombré. Liquidée. Les moments ratés avec mon fils ? Ratés.

Et après ? Rien.
Heureusement, j’avais bossé 6 mois en CDD voyant le truc se profiler. Des journées triples : mes clients de 5 à 7, mon fils de 7 à 8, mon job de 8 à 18, mon fils de 18 à 20, ma boîte et de 20 à minuit. Mon mari toujours HS.

Mais tes allocs chômage, elles n’arrivent pas : la mairie a fait une erreur sur tes attestations Pôle Emploi. 2 mois d’angoisse. Pas de RSA, puisque tu as doit au chômage.
Mais il n’arrive pas, non, c’est Noël qui arrive…
Pas d’argent, pas de cadeau. Mari à l’hosto.

2 mois de bataille. Une conseillère Pôle Emploi qui remue ciel et terre pour moi. Elle débloque tout. Elle sait que je ne partirai pas aux Bahamas. Pas avec 900 euros par mois…

Ok, y’a pire. On a un toit, de quoi manger. Mais j’ai fini en pleurs dans le bureau d’une assistante sociale avant Noël. Je ne l'aurais jamais cru. On aurait pu finir à la rue. Ça va vite. Très vite. Trop vite. Comment font ceux qui sont seuls ? Vraiment seuls ?

Les gens qui te disent « Tu m'épates ! Je ne sais pas comment tu tiens toute seule ! ». Mais ils ne t’aident pas. Ils attendent quoi ?
Et un ami qui te sauve la vie, en payant ton prêt et ton électricité. L'espoir qui revient. L'envie aussi.


Depuis, j’ai réagi. Repris des recherches de boulot. Remis mon CV à jour. Je cherche " à rebondir " comme ils m’ont dit au tribunal de commerce. Ne pas se laisser aller. Se réinventer. Tout recommencer.
Mais ce matin, envie de hurler. Courriel de Pôle Emploi : « Créer votre entreprise, vous y avez pensé ? » Mailing tellement bien ciblé... Pôle Emploi 2.0. 
Bonjour la start-up nation... Mais gare à la liquidation !

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